Je suis une enfant très choyée; j’ai eu la chance de grandir dans une famille francophile. En effet, mes grands-parents, parents, oncles et tantes ont toujours voué une attention particulière à la langue de chez nous, le français. En ce mois de la Saint-Valentin, je suis allée rendre visite à mes grands-parents maternels pour les questionner sur leur amour particulier pour la langue française.

La lecture au quotidien

Ma grand-mère est issue d’une famille où la lecture faisait partie du quotidien. Ses parents avaient toujours la tête plongée dans un journal ou dans un livre. Ainsi, ils ont su inculquer à ma grand-mère cette passion du français et le souci de bien l’écrire. Mon grand-père, quant à lui, était l’un des seuls membres de sa grande famille à autant aimer la lecture, ce qui ne l’empêchait pourtant pas de développer son amour pour la langue française.

À l’époque où mes grands-parents étaient encore au secondaire, la rigueur du français prenait beaucoup plus de place dans le programme scolaire qu’aujourd’hui. « Quand nous étions à l’école, le français était évalué dans toutes les matières! » se rappelle mon grand-père, qui a d’ailleurs passé ses quatre dernières années de secondaire dans un programme d’études axé sur les langues, dont le français. « Nous ne pouvions pas faire de fautes, contrairement à aujourd’hui où beaucoup de gens, enfants comme adultes, en font sans même s’en rendre compte. » renchérit ma grand-mère, étonnée devant l’assouplissement des méthodes de correction du français écrit pour les élèves du primaire et du secondaire depuis les années soixante.

L’avantage de savoir bien écrire en français

Mes grands-parents sortaient donc de l’école avec un avantage considérable, avantage qu’ils n’ont d’ailleurs jamais perdu : celui de savoir bien écrire en français. Ma grand-mère avait suivi quelques cours en secrétariat, puis avait enchaîné quelques emplois de bureau avant de se retrouver gérante d’une boutique de vêtements. Au travail, elle recevait régulièrement des communications regorgeant de fautes d’orthographe, non seulement de ses employés, mais aussi de ses supérieurs. Sans même répondre à leurs demandes, ma grand-mère renvoyait les messages corrigés à leurs auteurs. Ses collègues finissaient par comprendre à qui ils avaient affaire et se forçaient alors pour écrire convenablement lorsqu’elle était dans les parages.

Une correspondance qui nourrit les liens

J’ai toujours aimé cette anecdote sur ma grand-mère; c’est la preuve qu’elle ne se laissait pas marcher sur les pieds, mais surtout, qu’elle accordait une importance au français comme peu prennent la peine de le faire, ce qui était d’actualité dans les années 1980 et l’est encore en 2024. Mon grand-père a lui aussi conservé, tout comme ma grand-mère, son intérêt marqué pour sa langue maternelle toute sa vie. Il m’a même raconté que plus jeunes, mes grands-parents s’écrivaient par correspondance pour rester en contact alors qu’ils habitaient dans deux villes différentes, loin l’une de l’autre.

À une époque où les téléphones cellulaires et les ordinateurs n’existaient pas, les lettres demeuraient le moyen de communication le plus efficace et le moins coûteux. J’aime penser que mes grands-parents sont encore ensemble aujourd’hui en partie grâce à leur amour pour le français, passion qui les a unis et leur a permis de tenir la route.

L’art de transmettre une passion

À deux, mes grands-parents surent transmettre leur passion pour la langue française, non seulement à leurs enfants, mais aussi à leurs petits-enfants, et ce, avec brio. Leur parcours m’inspire et me prouve que l’amour de la langue québécoise peut non seulement unir, mais il peut aussi traverser le temps. En ce Mois de la Francophonie, célébrons notre belle langue française!

Eugénie Côté-Gaudet
Lauréate de la 17e édition du Concours de création littéraire de la SSJBCQ
Étudiante en double-DEC Musique/Arts et lettres au Cégep de Drummondville.

Eugénie Côté-Gaudet

« Je ne connaissais pas le travail de la Société Saint-Jean-Baptiste avant de participer à un concours d’écriture organisé par l’organisme, dont ma professeure m’avait parlé. J’ai tout de suite adhéré à leur mission de récompenser et de célébrer le français au Québec, langue dont je suis moi-même amoureuse! J’ai appris à écrire en première année et je n’ai jamais arrêté depuis. La SSJBCQ m’a permis de m’épanouir dans ce que j’adore faire et bien sûr de me pousser encore plus loin! »
Eugénie Côté-Gaudet