La langue française au Québec demeure un sujet chaud, et ce depuis plusieurs décennies.

A-t-on toujours gardé une place aussi importante pour le français dans notre société, que ce soit dans les rues ou dans les divers milieux de travail? Qu’en était-il de la cohabitation de l’anglais et du français?

C’est avec ces questions en tête que j’ai rendu visite à mes grands-parents qui ont tous deux passé une grande partie de leur vie à Témiscaming, une ville bilingue de la région de l’Abitibi-Témiscamingue.

Promouvoir le français

« Je n’ai jamais appris l’anglais! » m’avouait ma grand-mère, qui a pourtant côtoyé des anglophones tout au long de sa vie professionnelle. Elle était fascinée par Témiscaming, tant par le multiculturalisme que par le bilinguisme de l’endroit. S’y installer était un défi qu’elle avait toujours voulu relever. L’usine de pâtes et papier de la ville, Tembec, attirait des nouveaux citoyens qui venaient d’un peu partout pour de l’emploi et qui souvent ne parlaient pas un mot de français. C’était donc l’anglais qui était le plus souvent utilisé dans les milieux de travail, particulièrement à Tembec où les patrons étaient également presque tous anglophones. De son côté, ma grand-mère, qui avait à cœur l’importance de la langue française, ne manquait pas une seule occasion de s’impliquer auprès de sa communauté pour promouvoir sa langue maternelle. Elle consacra sa carrière à enseigner le français tant à des francophones qu’à des anglophones de tous âges puis, à la direction d’un centre d’éducation pour adultes bilingues. Elle organisait également plusieurs activités dans sa municipalité qui visaient à faire découvrir la culture québécoise francophone à tous. « Je n’ai jamais regretté d’être venue vivre à Témiscaming. » m’avait-elle confié, sourire aux lèvres.

Défendre le français

Mon grand-père s’impliquait lui aussi, à sa façon. Il était à la barre de nombreuses réalisations telles que la mise sur pied d’un centre pour personnes âgées, d’une caisse populaire, d’un service de transport et j’en passe, tous des services qu’il s’assurait d’offrir en français pour l’ensemble de la population témiscaminoise. Mon grand-père devait également collaborer à plusieurs reprises avec des anglophones dans le cadre de ses projets ou encore lors de rencontres du conseil municipal de Témiscaming, dont il faisait partie. « On me demandait souvent de traduire ce que je disais ou de tout simplement basculer en anglais pour le bon déroulement des réunions. Je refusais à chaque fois! » m’expliquait-il en riant. À ses yeux, en territoire francophone, le français est de mise et ceux qui ne le parlent pas se doivent de l’apprendre. Il rédigeait également plusieurs articles qui paraissaient dans le journal local à ce sujet, dans lesquels il dénonçait les milieux de travail, dont Tembec, qui répondaient à leurs clients en anglais alors que leurs employés étaient, pour la majorité, francophones. Sa rigueur et sa ténacité lui valaient d’ailleurs bien des commentaires et des surnoms, mais cela l’amusait, en autant que ce soit exprimé en français!

Tembec

À aucun moment mes grands-parents ne se sont sentis mal accueillis à Témiscaming, au contraire. Encore aujourd’hui, ils demeurent de fiers francophones et jamais ils n’ont eu honte de parler leur langue, loin de là.

Mes grands-parents ont conservé un français impeccable qui m’a toujours impressionnée. Leur amour pour la langue ne s’est jamais éteint et ils ont su me transmettre leur passion. Je ne me lasserai jamais d’échanger avec eux et j’espère pouvoir le faire pour de nombreuses années encore!

Eugénie Côté-Gaudet

Eugénie Côté-Gaudet, étudiante en double-DEC Musique/Arts et lettres au Cégep de Drummondville.

« Je ne connaissais pas le travail de la Société Saint-Jean-Baptiste avant de participer à un concours d’écriture organisé par l’organisme, dont ma professeure m’avait parlé. J’ai tout de suite adhéré à leur mission de récompenser et de célébrer le français au Québec, langue dont je suis moi-même amoureuse! J’ai appris à écrire en première année et je n’ai jamais arrêté depuis. La SSJBCQ m’a permis de m’épanouir dans ce que j’adore faire et bien sûr de me pousser encore plus loin! »

 

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